dimanche 21 juillet 2019

89. Comme d’habitude

Vous connaissez ce tube mondial de Claude François ? 

Je me lève, 
et je te bouscule, 
tu ne te réveilles pas, 
comme d’habitude...

La mélodie vous poursuit déjà? La chanson a fait le même tabac deux ans plus tard, reprise par Frank Sinatra, chantée en anglais "My Way" - à ma façon.

La version originale, celle de Claude François, n'est que partiellement juste... Quand Nicolas se lève, il me bouscule, je me réveille! Il a la douceur d’un trax, impossible de rester couché. 

A part cela, les personnes avec autisme font souvent "comme d’habitude". La routine les rassure, ça les calme. Elle permet souvent de ne pas surcharger un système nerveux déjà trop stimulé car hypersensible. Souvent, les autistes ont des sens beaucoup plus développés que d’autres personnes, que ce soit l’odorat, l’audition et/ou le tactile. Si ces personnes peuvent ne pas stimuler tous leurs sens juste parce qu’ils voudraient faire autrement, ils garderont leurs habitudes. Souvent, des routines sont installées afin de ne pas trop changer et charger le quotidien. Mêmes habits, même chemin pour aller au même endroit, même menu dans le même restaurant... Comme d’habitude!

Les vacances d’été sont arrivés. Même si cela arrive chaque année, ce n’est pas une habitude pour Nicolas. Les espaces temporels sont beaucoup trop éloignés pour que cela devienne une routine! Nous essayons donc de créer des rituels pour qu’il s’habitue: Lever, jouer, déjeuner, sortir, rentrer, dîner, jouer, sortir, rentrer, souper, jouer, regarder la tablette. Comme d’habitude ! Ce sont des vacances pour lui, pas pour maman ou papa qui s’en occupent.

Les jours avec un autre programme doivent être préparés, le déroulement et les lieux visités doivent être mis sur papier la veille. Pédopsychiatre, visite médicale, même une visite prévue d’un proche, ça passe assez bien maintenant grâce au papier. Quand c’est passé, Nicolas trace au feutre cette partie du déroulement quotidien et il se prépare mentalement à la prochaine étape. Pour retourner aux habitudes.

Quand nous avons de l'énergie et le courage, nous essayons de casser les habitudes pour le préparer au quotidien d'un être humain. Tout n'est pas prévisible, tout n'est pas pareil tous les jours. Ces changements à la routine demandent beaucoup d'adaptation et d'énergie à Nicolas et donc forcément à nous aussi.

Cette semaine, nous avons tenté le diable. Nicolas est parti quatre jours en colonie avec ses camarades et les éducateurs de l'internat. Avec mon épouse, nous avons vidé sa chambre, peint la pièce dans une couleur plus claire et changé les meubles. En enlevant la grande armoire, nous avons gagné de la place pour transférer des jouets du salon dans sa chambre. Bref, nous avons pu installer une vraie chambre de grand garçon pour Nicolas. 

Quelle sera la réaction? C'est quand même une atteinte grave à son espace intime. Nous avons certes prévenu Nicolas avant son départ qu'il aura une nouvelle chambre en rentrant des vacances, mais nous n'avons pas pu lui faire des photos de cette pièce qui n'existait pas encore avant son départ. Ce ne sera plus "comme d'habitude" à son retour!

Le retour justement était une bonne surprise! Nicolas fut enchanté lorsqu'il a découvert sa nouvelle chambre. Il analysait chaque coin de sa chambre, a ouvert tous les tiroirs tout en criant de joie "youpi! youpi!" Si avant, la chambre lui servait uniquement pour aller dormir, il a commencé à jouer dans cette pièce.

C'est un signe de plus qu'il se développe, qu'il est capable d'accepter le changement, et même de s'en réjouir! 

La chanson de Cloclo restera éternelle.
Nicolas aimera lui aussi toute sa vie les habitudes. 
La chanson s'est adaptée au bout de deux ans en anglais pour avoir encore plus de succès. 
Nicolas a aussi réussi à s'adapter, à avancer, à progresser lui aussi! 

I did it my way!

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