vendredi 7 février 2020

104. Tu l’dis ou tu l’dis pas?

Une question récurrente que se posent les parents d’un petit autiste est s'il faut parler ouvertement de la différence de son enfant. Peut-on dire aux grands-parents, aux voisins, aux collègues de travail que notre (nos) petit(s) est (sont) atteint(s) d’autisme?

Perso, j’ai toujours plaidé pour le oui. Jouons les cartes sur tables, soyons transparents, appelons un chat un chat.

Ceci n'évitera pas les commentaires méchants dans la rue, mais au moins les rumeurs. Les gens qui le souhaitent peuvent se renseigner et également poser des questions. Ceux qui ne souhaitent pas aller plus loin pourront dorénavant éviter le sujet ou carrément nous éviter.

Donc: Oui, parlons-en, communiquons, évitons les "Fake News".

Aujourd’hui, je suis moins catégorique sur le sujet. Seuls les imbéciles ne changent pas d’avis.

Pourquoi donc?

Je réalise que chez nous, les autorités scolaires ont catégorisé cet enfant en tant que "enfant à problèmes". Il ne parviendra donc à rien dans sa vie, il travaillera dans un atelier protégé quand il sera grand, les services sociaux s'occuperont de lui quand les parents ne seront plus là. C'est ainsi et pas autrement.

De ce fait, nos requêtes et demandes seront classées sans être traitées. Comme nous insistons, nous, les parents, avons reçu le prédicat "pénibles". Je m'imagine qu'à chaque fois que leur centrale téléphonique détecte un appel provenant de notre numéro, les girophares s'allument et les sirènes s'enclenchent. Nos e-mails sont directement dirigés dans un classeur "courrier indésirable" puis effacé par un super-ordinateur dans les secondes qui suivent.

En discutant avec d'autres parents qui ont des enfants différents (avec ou sans diagnostique), plusieurs d'entre eux ont choisi ne rien dire à l'école. Car sans diagnostique officiel, personne n'interdira à ces enfants de suivre leur scolarité "normale".

Certes, ce sont des enfants plus difficiles à gérer pour les profs. Ils risquent de faire une année supplémentaire pendant leur scolarité mais ceci n'est pas grave si l'enfant obtiendra son diplôme à 16 ou à 18 ans. Il pourra choisir un métier qui lui conviendra, il pourra vivre sa vie à sa façon.

Nous avons raconté à tout le monde que Nicolas est autiste. Aurions-nous dû nous taire face aux autorités?

Indépendemment des conséquences que ceci aurait eu, nous n'avons pas eu le choix. Nicolas ne parlait pas, n'était pas propre, s'auto-mutilait... impossible d'imaginer une scolarité normale trois ans en arrière.

Mais aujourd'hui, grâce à deux jours d'école ordinaire par semaine, il comble les différences avec les autres enfants "normaux" qui ont toute la vie devant eux. Il paraît même que ce n'est pas l'enfant le plus difficile de la classe...

Notre combat continue!

Aucun commentaire: