mardi 5 septembre 2017

28. A Sabine


A toi, Sabine, que j’ai vu hier toute triste, fatiguée, désemparée. Tu ne t’appelles pas Sabine mais tu te reconnaitrais dans ces lignes. Notre discussion d’hier m’a chamboulé même si nous nous sommes vus que cinq ou dix minutes. Je dois me resituer, mettre l’église au milieu du village. De quoi je me plains? Pourquoi je râle?

Mon fils est autiste. Ca ne fait pas partie des maladies parce que cela ne guérit pas, c'est donc un handicap. Depuis deux ans et demi que le diagnostic est tombé, Francine et moi avons tout fait non pas pour le soigner mais pour qu’il ait des chances à s’en sortir tout seul plus tard. Même s’il ne guérira probablement jamais, il a fait des sacrés progrès !

Ton fils est malade. Il n'a pas juste une grippe, c'est du très sérieux! Il guérira grâce aux médecins, aux thérapeutes, au temps qu’il lui faudra. Mais surtout grâce à ses parents qui feront tout pour l’aider et qui lui donnent plein d’amour !

Vous avez introduit des changements dans son entourage, dans votre quotidien. Vous avez mis votre fils (encore plus) au centre. Il le sait, et ceci l’aidera à aller mieux plus vite.

Votre vie a basculé. Tu as peut-être l’impression que vous êtes du mauvais côté de la bascule, mais c’est peut-être le déclencheur pour autre chose ? Tout ce qui arrive dans la vie a un sens.

Il faut faire abstraction de ce que disent les autres. Tu es la maman, tu sais mieux que qui que ce soit ce qui est bien pour lui !

Vous avez fait des choix, il se pourrait que d’autres choix s’imposent. Se décider pour une chose signifie qu’on a fait un choix contre autre chose. Ce qui compte, c’est ton fils, tes autres enfants, toi, ton couple.
- Tes autres enfants. Même s’ils ne le disent pas, ils souffrent de la situation. Ils pourraient se sentir délaissés par l’attention que vous portez pour votre fils. Prenez soin de leur expliquer les choses. Permettez-leur de temps en temps des extras PARCE QUE ils sont si forts dans cette situation difficile.
- Ton couple. Même si tu n’as pas abordé le sujet, je m’imagine que le couple pourrait être mis à rude épreuve. Ce ne serait que normal d’avoir des tensions qui n’existaient pas avant. Moi, c’est le couple qui m’a permis de tenir. Quand l’un est en bas, l’autre peut le tirer en haut. Et l’inverse aussi. Prenez soin de vous aussi !

Il faut de la force, beaucoup de force ! Toute la force que tu lui donnes pour qu'il aille mieux. Puis encore de la force pour que les autres enfants ne se sentent pas trop seuls. Sans parler de la force pourqu'à la maison, il y a à manger sur la table et pour que les habits ne soient pas sals. Puis la force pour se lever le matin et aller travailler. Ce n'est pas parce qu'un enfant est malade qu'il n'y a plus de nécessités économiques... Et quand tu as trouvé sans savoir où toute cette force, il faut encore de la force pour te lever le matin et entamer une nouvelle journée... Puis de la force de ne pas écouter les mauvaises langues qui disent qu'ils ne te voient plus et que tu pourrais faire des efforts. C'est du n'importe quoi !!!

Ma vie n’est pas toujours facile, mais QUI a la vie toujours facile ? Je n’ai pas choisi les challenges qu’on m’a donnés, je n’ai pas l’impression d’avoir provoqué quoique ce soit, les diagnostics me sont tombés dessus. Je vis avec ce qui arrive, j’attaque ma vie d’une autre manière, j’ai l’impression de grandir tous les jours. J’ai fait des choix que d’autres personnes ne comprennent pas, je me prive régulièrement, mais je suis là pour mes enfants. Ils me le rendent régulièrement : un câlin, un sourire, un regard. Les autistes ne sont pas connus pour les grandes paroles ni pour exprimer leurs sentiments. Un regard content de quelqu'un qui est différent ou juste malade, c'est génial !

J’en parle ouvertement. J’écris, il paraît que j'ai même monté un blog. Cela m’aide. Le fait que tu as commencé d’en parler ouvertement t’aidera à mieux « digérer » le tout et de trouver de la force là où tu ne t'attends pas. Et surtout, ça fera taire les mauvaises langues, ça tuera les rumeurs. Je te félicite d’en parler. Le premier pas, si difficile à franchir, est fait.

Si nous pouvons faire quelque chose pour vous, et si ce n'est que boire un café et parler, dites-le nous. On sera là !

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