samedi 10 juin 2017

17. Le regard qui... fait vivre !

Cela vous est-il déjà arrivé ? Vous êtes dans un endroit bondé de personnes. Des hommes, des femmes, des gens plus ou moins importants, bref, Monsieur et Madame Tout-le-monde. Et soudain, une paire de yeux attrappe votre regard et ne vous lache plus. Ce n'est pas le regard d'une superstar, mais un coup d'oeil qui vous fige. Vous ne savez pas pourquoi, votre coeur accélère à 160 et même à 180 ! Le regard reste gravé dans votre mémoire jusqu'au soir dans votre lit... vous en rêvez même ! En pensant à ce moment, le bonheur revient en vous... c'est trop beau, un moment à revivre le plus rapidement possible !




Le lendemain, vous faites tout pour retrouver cette personne et surtout ce regard. Vous cherchez, vous essayez de recréer ce moment artificiellement. Et soudain, vous retrouvez LA personne. Mais pas le regard... non, ce n'est plus la même paire d'yeux qui vous fixe. En fait, il n'y a même plus de regard. La déception !

Je vous rassure, je ne suis pas tombé amoureux d'une autre femme. Non, je ne suis pas en train de quitter ma chère et tendre, j'aime toujours ma Francine !

Le regard dont je vous parle est celui de Nicolas. Un regard vide, un regard dans le vide. Ou plutôt un regard qui passe à côté de vous. S'il avait les yeux révolver, il raterait sa cible à chaque coup.

Cela n'arrive pas qu'à Nicolas, les personnes atteintes d'un TSA (autistes) ne regardent que très rarement le visage d'autres personnes. Un autiste est souvent submergé par la quantité d'informations qui se trouvent sur un visage : la position des sourcils, la forme de la bouche, des facteurs additionnels comme des poils qui poussent ou un point noir qui surgit sur le nez... sans parler des yeux plantés par dessus cette multitude de choses à interpréter. En tant qu'autiste, il vaut donc mieux ne pas regarder un visage pour ne pas être surchargé en interprétant tous ces petits détails qui restent cachés à nous, les neurotypiques.

Vous pouvez être un parfait inconnu, un proche ou le papa, un autiste ne vous regardera pas dans les yeux. C'est difficile à accepter que ton propre fils ne te regarde pas !

Des fois, j'essaie de forcer les choses. Je prends Nicolas sur mes genoux, je lui bloque la tête face à mes yeux et lui dis "Regarde papa, regarde papa !" En me fuyant, ses yeux restent même pas un dixième de seconde sur mes pupilles. Rien à faire ! Cela ne s'impose pas, cela ne s'entraîne pas...

C'est arrivé il y a quelques jours à la place de jeu : Nicolas était à 3-4 mètres de moi, près d'un train en bois dans lequel je me suis assis pour me protéger de la pluie. Soudainement, je sens mes poils se redresser... Nicolas me regarde, il me fige ! Je croise son regard, je lui parle, puis il me fait un énorme sourire, sans dériver ses yeux du moindre millimètre. Il est venu vers moi pour venir s'assoir à côté de moi. Ca a duré dix secondes ou même quinze... pour moi c'était une éternité ! Il a lâché le regard en grimpant sur le train, je ne l'ai plus retrouvé...

Mais ces quelques secondes, c'est pour moi une éternité de bonheur, une joie immense qui me tombe dessus !!! Ce n'est pas le regard d'une superstar, mais un coup d'oeil qui me fige. Je ne sais pas pourquoi, mon coeur accélère à 160 et même à... 200 ! Le regard reste gravé dans ma mémoire jusqu'au soir dans mon lit... j'en rêve même ! En pensant à ce moment, le bonheur revient en moi... c'est trop beau, un moment à revivre le plus rapidement possible ! 

Je l'attends toujours. Mais si d'autres personnes peuvent avoir un regard qui tue, Nicolas a le regard qui me fait vivre !!!


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