vendredi 14 avril 2017

12. Histoires d'oeufs

C'est bientôt la fête des œufs. Des œufs de poules peints, des bonbons en forme d'œufs, des chocolats en forme d'œufs, du chocolat en forme de coquilles d'œufs remplies avec des chocolats... bref : c'est Pâques !

Nicolas adore les œufs ! Non pas pour manger mais pour jouer. Disons plutôt qu'il adore les objets en forme d'œufs. Si vous voulez lui faire plaisir, offrez-lui un œuf "Kinder". En deux temps trois mouvements il aura enlevé l'emballage en papier alu, tranché le chocolat en deux pour s'emparer de la boîte ovale jaune qui contient un jouet. Ce dernier finira rapidement à la poubelle, tout comme le papier alu. Le chocolat finira dans mon estomac avant la fin de la journée... L'objet des tous ses désirs restera la boite jaune.

Il y cache ses trucs : une figurine Mickey, un porte-clés ou quelques Smarties. Tout fier, il promène le tout dans l’appartement puis change le contenu de l’œuf. Donald prend la place à Mickey, un lego au lieu du porte-clés, les Smarties dans la bouche. Et hop ! le prochain tour d’appartement. Comme Kinder fait également des grands œufs avec des boites jaunes d’un diamètre d’une bonne vingtaine de centimètres, je dois me sacrifier et manger plus de chocolat pour que Nicolas puisse mettre une peluche en boite. Mais où est donc passé la télécommande ? Quelqu’un a vu mon portable ? Nom d’un œuf…

Nicolas possède aussi d’autres œufs système poupées russes (un œuf emboite l’autre). Si personne ne l’interrompt, il peut passer des longs moments à jouer avec ces objets. Des longs moments où papa et maman peuvent le laisser plus ou moins sans trop de surveillance et où l'on peut cuisiner ou nettoyer sans avoir Nicolas dans nos jambes.

Par contre, il peine à distinguer ses œufs jouets avec les vrais œufs. A table, il ne supporte pas quand nous cassons la coquille d’un œuf cuit. Je pense qu’il souhaiterait garder la coquille entière pour y cacher d’autres figurines. Ses cris sont si stridents que nous avons commencé à ne plus manger d'œufs entiers et privilégié les œufs brouillés ou au plat.

Une fois, Nicolas a même réussi à choper un œuf cru à la cuisine. Ce qui devait arriver arriva : un œuf brisé par terre, un Nicolas inconsolable parce que son « jouet » est parti en mille morceaux. Devinez qui a nettoyé la cuisine… non, ce n'était pas Nicolas !

Comme la vache en Inde, l'œuf est devenu sacré chez nous. Personne n'osait plus toucher les œufs. Sa collection de boites jaunes a atteint une bonne quinzaine (en fait, il y en aurait eu bien plus si personne ne les avait enlevé pendant la nuit). Nicolas y cachait ses jouets... des vrais trésors!

Ce jeu est devenu une habitude, l’habitude une routine, la routine un stéréotype. Jusqu’au jour en août 2016 où nous avons appris en thérapie intensive familiale FIAS qu’il fallait briser les stéréotypes. Les étouffer dès qu’ils se créent. Nous avons appris que les autistes créent souvent des stéréotypes pour se rassurer parce qu’ils font la même chose. Nous avons aussi appris qu’il fallait les sortir de leur zone de confort pour qu’ils progressent. En même temps, nous sortons aussi de notre zone de confort (nous en avons une avec un enfant comme Nicolas?) et nous aussi on progresse!

De retour de la thérapie, nous avons enlevé tous ces œufs à Nicolas. Il ne les a jamais réclamés. Comment pourrait-il ? Il est aphone !

Dans deux jours, ce sera le retour des œufs à la maison. Je suis curieux de voir comment Nicolas va réagir ! Si jamais il ne supporte pas les œufs en chocolat, je me sacrifierais pour les manger…

Je vous souhaite de joyeuses Pâques !



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