jeudi 12 octobre 2017

32. Voici les clés de ton bonheur - il est où le bonheur?

Petit coup de blues aujourd'hui en écoutant la radio. Gérard Lenorman chantait la chanson qui nous avait aidé à choisir le prénom de notre petit dernier. 

Comme j'ai toujours aimé le Saint-Nicolas (je me suis même mis dans sa peau quelques années autour du 6 décembre), que c'est en plus le Saint patron de Fribourg qui nous héberge depuis onze ans, qu'on a voulu éviter les anglicismes... et comme j'aime la mélodie de "Voici les clés", le choix est tombé sur le prénom Nicolas. 

Vous connaissez les paroles? Je les trouve très positives et encourageantes.

Voici les clés de ton bonheur, il n'attend plus que toi
Appelle-moi si par malheur elles n'ouvraient pas
Na na na...

Tu sais toujours où me trouver moi je ne bouge pas
Moi je t'aime

Mais n'oublie pas l'anniversaire de Nicolas

Nous avons écouté cette chanson pendant son baptême. Je me vois encore, tout content, à imaginer un avenir rempli de bonheur pour Nicolas!

D'où mon coup de blues... y a-t-il du bonheur dans la vie que j'offre à Nicolas? C'est quoi ces clés pourries que je lui ai donné sur son chemin? Et il ne peut même pas m'appeler, il ne parle pas...

Nous avons donc mis au monde un enfant autiste dans un contexte difficile, au milieu d'une société qui peine à accepter la différence. C'est ça le bonheur? J'aurai plutôt dû choisir une chanson de Christophe Maé... Il est où le bonheur, il est où?

A même pas cinq ans, Nicolas est souvent soumis aux regards méchants des gens, p.ex. dans les lieux publics ou sur les places de jeu. Il ne porte pas de casquette "je suis différent", on ne le promène pas dans un fauteuil roulant. Les gens pensent donc qu'il est juste sauvage ou mal élevé. Cela se transmet dans leur regard et même des reproches des personnes les plus convaincues (d'elles-même). Il y a même des inconnus qui ont essayé de le "cadrer" en lui retenant les bras quand il fait son flapping (il bouge les bras très vite de haut en bas, comme s'il essayait de s'envoler ou d'enlever un pansement collé sur ses doigts - beaucoup d'autistes font régulièrement ces gestes pour se rassurer).

C'est donc le bonheur pour Nicolas de ne pas pouvoir se lacher quand il en a besoin? Le rôle des parents est de protéger leur enfant. Nous, on ne le protège pas seulement de ces inconnus, mais aussi des risques de la ville, p.ex. le trafic routier. Il est exposé à ce risque car il ne connaît pas la notion du danger. Un panneau publicitaire intéressant sur le trottoir d'en face? On doit être vigileant car Nicolas, lui, ne l'est pas... C'est ça le bonheur? De ne pas savoir quand il se fera écraser par une voiture?

Nicolas devra certainement se battre encore plus que les autres enfants de son âge. Il le fait déjà maintenant. Il essaie encore et encore quand il veut réussir. Par bonheur, il est fort ce gamin! Il réussira quand ce sera nécessaire!

Et comme le dit la chanson, je serai là pour lui. Là pour l'aider à trouver les bons côtés des choses, trouver le bonheur qui viendra forcément un jour! Tu sauras où me trouver...

Voici les clés, ne les perds pas sur le pont des Soupirs
Elles sont en or on ne sait jamais ça peut servir
Ne t'en fais pas, j'ai ce qu'il faut, on n'est jamais perdant
Quand on aime

Et n'oublie pas l'anniversaire de Nicolas


Et oui, c'est bientôt l'anniversaire de Nicolas. Avec un cadeau très spécial à la clé... Serais-ce le bonheur? Peut-être pas au début, mais après... Je vous en dirai plus début novembre :-)

Pour finir, je reprends la suite des paroles de Christophe Maé:

Mais il fait pas de bruit l'bonheur, non, il n'en fait pas
C'est con le bonheur, ouais
Car c'est souvent après qu'on sait qu'il était là


J'arrête donc de me plaindre. Il y a d'autres enfants qui sont bien plus mals que Nicolas!





PS: Vous savez qui a composé puis interprété dans une autre langue "Voici les clés" en 1976? La réponse ici. Et oui, qui l'eût cru? 





2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour la famille Antille,

Je n'ai pas pu m'empêcher de verser quelques larmes quand j'ai lu
ce petit texte.... C'est très touchant ce que tu dis et ce que vous vivez au quotidien.

Hier je me balladais avec Liam dans la forêt de Bouleyres.... Il y avait pas mal de monde.
Liam est dans sa poussette, car il ne marche toujours pas, et en plus il vient de se fracturer le tibia, donc a un plâtre toute la jambe.

Il n'arrêtait pas de crier tout le long de la ballade ( il fait très très souvent cela avec moi), sans que je ne sache comment le stopper, et je voyais bien qu'on dérangeait, que les regards se retournaient sans arrêt sur moi... la mauvaise mère qui n'éduque pas son enfant et qui ne le punis même pas....

Moi j'arrêtais pas de lui supplier d'arrêter de crier ( même si je sais que cela ne change rien), et je pleurais pleurais pleurais... Car j'étais impuissante face à cette situation, et parce que tout le monde semblait me dire intérieurement ( " rentre chez toi si tu ne sais pas éduquer ton enfant...."). En même temps, je n'avais qu'une envie, rentrer chez moi me cacher, car ses regards me blessent et me font mal, et j'ai aussi de la peine pour Liam qui est perçu comme un enfant détestable et capricieux... Alos qu'il est juste différent, et qu'il peut aussi être merveilleux....

Je n'en veux pas à Liam car il ne fait pas exprès... Je m'en veux à moi de lui avoir donné cette vie-là... et de ne pas réussir à lui rendre la vie belle aujourd'hui.
On passe comme vous de thérapies en rendez-vous.... on est épuisé, lui aussi.
C'est pas ça une vie d'enfant.... C'est pas ça qu'on rêvait pour lui....

Alors oui elle est où cette clé du bonheur.... ???

Liam aussi va avoir son anniversaire tout bientôt... Petit scorpion...




Profitez-bien de ses magnifiques journées ensoleillées et bel anniversaire au petit Nicolas....


Salutations à Francine...


Affectueusement

vanessa

Papa d’autistes a dit…

:.-(
Le regard des ignorants est probablement plus difficile à supporter que le mal-être de ton enfant. Parce que le deuxième, un moment donné, on commence à l'accepter...
Courage, Vanessa! Un jour, la roue tournera!!!