lundi 21 mai 2018

56. Taboo

Vous connaissez le jeu Taboo? On tire une carte et les autres doivent essayer de deviner le mot écrit sur la carte. Pour l’expliquer, il est interdit d’utiliser les cinq mots « tabous » qui sont également écrit sur la carte. Par exemple, pour expliquer le mot « poste » aux coéquipiers, interdiction d’utiliser les mots facteur, timbre, courrier, lettres et boîte aux lettres.

Après avoir pu passer les journées d'hier et aujourd'hui avec des vrais amis, après avoir pu bien discuter avec eux malgré la présence de Nicolas, je réalise que nous avons énormément parlé d'autisme. Et j'ai aussi réalisé que beaucoup d'autres gens passent leur temps à jouer Taboo avec nous. Sciemment ou inconsciemment. Je n'ai pas encore découvert quel mot est sur la carte, mais les mots qu'ils évitent sont autisme, différence, handicap, quotidien et comportement.

Bien trop souvent, les personnes évitent d'aborder le sujet qui fâche. Et pourtant, le sujet ne fâche pas! Au contraire! Ça nous fait du bien de pouvoir en parler, d'expliquer ce qu'est l'autisme, pourquoi Nicolas réagit ainsi, ce que ça implique... et les gens peuvent apprendre des choses. Mais non, ils ne parlent pas de ça, c'est tabou!

Pire encore! Je réalise que même les personnes touchées directement par l'autisme (par exemple des parents d'autistes ou des autistes adultes) en font un sujet tabou! Que diront les voisins? Je ne veux pas décevoir les grand-parents. Quel regard vont porter les collègues de travail sur moi? Les gens vont croire que ça vient de moi...

Chez nous, dans le couple et avec nos enfants, la discussion ouverte sur le sujet a été instaurée tout de suite après le diagnostic du TSA. J'irai même plus loin: si notre couple a tenu ces trois dernières années, c'est parce que le dialogue est bien existant.

Je me pose la question si l'autisme est si peu connu parce que si peu de personnes concernées n'osent en parler? Un pour-cent de la population est autiste, une naissance sur soixante en 2017 est concernée. Ce n'est pas à force de se cacher qu'on va changer la prise en charge, que les politiques vont octroyer des budgets pour une prise en charge adéquate.

Parlons-en en couple pour le renforcer. Expliquons l'autisme à nos enfants et leurs camarades de classe. Informons les voisins, la famille, les collègues de travail. Écrivez, publiez, partagez! Un souci partagé est un souci à moitié...

Je suis persuadé qu'à force d'en parler, l'acceptation des gens avec un TSA grandira. Leur vie s'améliorera. Fini les tabous!

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