jeudi 15 février 2018

47. Quand je dors chez ma maîtresse, je ne dors pas!

Comme beaucoup de père et fils, Nicolas et moi avons quelques points en commun. L’un d’eux est que tous les deux, nous n’appliquons pas la phrase citée ci-dessus qui provient de je ne sais plus de quel comique. Moi parce que je n’ai pas de maîtresse (ma femme est bien trop bien et en plus, je suis probablement trop correct pour ça!) Nicolas, parce qu’il dort quand il passe la nuit chez sa maîtresse, ou plutôt à l'école.


Dormir ou ne pas dormir, telle est la question. Depuis tout petit, bien avant qu’un diagnostic de TSA* tombe, Nicolas dormait peu et mal. Quand il avait un an, il passait entre huit et dix heures dans le royaume du sommeil... par période de vingt-quatre heures! Style de 23 heures à 3 heures, de 10 heures à midi puis de 16 à 19 heures. Un enfant moyen de cet âge y passe entre 14 et 16 heures. Invivable pour les parents et toute la famille!

Nous avons changé la déco de la chambre, tourné le lit. Acheté un plus grand lit, re-tourné le sens des meubles... rien!
Les médecins consultés ont tenté de nous rassurer que certains enfants mettaient plus de temps à passer les nuits.
Des spécialistes nous ont conseillé de lui masser les jambes avec une huile spéciale, lui donner du thé machin, mettre des compresses truc ou faire avaler les granules machin-truc. Rien n'y fit.
D'autres parents nous ont dit que nous, on ne savait pas y faire, qu'on était trop gentils avec Nicolas, qu'il fallait le laisser pleurer. C'est qu'il ne pleurait pas... il était réveillé, bien réveillé! Et nous bien désespérés.

Aujourd'hui, nous savons que beaucoup d'autistes ont un manque de mélatonine, l'hormone du sommeil. En Amérique, vous pouvez acheter des capsules de mélatonine synthétique dans tous les drugs store. Ca aide contre le jet lag. En Suisse, il faut une ordonnance médicale, commander la mélatonine sous forme liquide bien en avance à la pharmacie internationale, la stocker dans le réfrigérateur et la consommer dans les 3 mois après ouverture. Malgré ces inonvénients, elle a aidé Nicolas à passer ses nuits, à quatre ans et demi! Merci la chimie!

C'était une nouvelle vie pour nous! Trois ou quatre mois de récupération... Jusqu'au jour cet automne où Nicolas a eu le grand déclic. Rentrée scolaire, arrivée du chien, la parole qui lui tombe dessus... Avec toute l'excitation liée aux changements, Nicolas a recommencé à se réveiller la nuit. A deux heures ou à trois heures et demi, tous les matins (ou presque). Pas question de se rendormir, il faut se lever, jouer avec ses jouets, regarder la télé, lire les livres. On a beau le fatiguer la veille: il s'endort tout crevé à vingt heures, il se réveille sept-huit heures plus tard!

Sauf quand il dort à l'école (donc chez sa maîtresse), deux nuits par semaine et quelques week-ends par année. Là, il dort comme un caillou, ils doivent le réveiller le matin pour aller à l'école. Je comprends, il doit être fatigué...

J'avoue que j'ai soupçonné les surveillants de se mettre les boules quies dans les oreilles pour ne pas l'entendre. Honte à moi! J'ai imaginé qu'ils lui donnaient un somnifère dose cheval dans son verre d'eau avant le coucher, qu'ils l'enfermaient dans une pièce insonorisée pour ne pas l'entendre la nuit... Mais non, rien de ça, Nicolas dort quand il est à l'internat. Nicolas se réveille la nuit quand il est à la maison.


D'autres parents vont au cinéma puis partent danser quand les enfants ne sont pas à la maison. Nous, on se couche de bonne heure. Question de survie...

La semaine dernière, nous avons été voir notre pédopsychiatre, spécialisée sur les enfants autistes. Elle dit que c'est normal pour un autiste de se réveiller la nuit. Que souvent, les enfants se comportent autrement à l'extérieur qu'à la maison. Et que c'est à la maison que le stress sort. C'est vrai, on le constate aussi quand il rentre de l'école les autres jours: Il se défoule chez nous parce qu'il a été cadré toute la journée à l'école.

Nous changeons donc le dosage de mélatonine. Quand il se réveille la nuit - pssssht - une giclée de cette hormone dans la bouche, il se rendort trente minutes plus tard. Et moi (si c'est moi qui me suis levé), je me recouche, non pas à côté de la maîtresse mais à côté de la femme de sa vie! C’est mieux!!


Bonne récupération!

Vous êtes déçus de ce post? Mais... vous avez cru quoi quand vous avez lu le titre de ce blog? :-D

*Trouble du spectre autistique










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